Le champ de la géographie des sexualités s’est principalement structuré à partir d’études urbaines, voire métropolitaines, pour des raisons qui tiennent davantage à la saisie de l’objet qu’à sa nature. Cette orientation a durablement pesé sur sa constitution. Ce tropisme, qu’Halberstam qualifie de métrocentrisme, a souvent conduit à faire l’économie d’une investigation empirique du rural tout en englobant sous ce singulier des contextes extrêmement hétérogènes. Richard Phillips remarque ainsi qu’« en cartographiant les sexualités rurales et en mettant le rural sur les cartes métaphoriques de la théorie queer, nous étions conscients que le rural n’était pas seulement un espace négligé. Bien plus, le rural comme nous le savons a été défini et enfermé dans une relation avec l’urbain ou plutôt avec le métropolitain » (2013, 22). Le rural ainsi construit comme l’antithèse consubstantielle de la ville, a longtemps souffert d’une définition en creux, réduite à quelques dichotomies : dépravation urbaine vs moralité rurale, civilité urbaine vs bestialité rurale, libéralisme et progressisme urbain vs conservatisme et traditionalisme rural, masculinité efféminée vs masculinité virile… Le café géographique Sexualités des villes, sexualités des champs ? interroge donc ces oppositions à partir d’une double approche du rural en tant qu’espace matériel et que représentation symbolique, tout en étant attentif à la diversité et à la complexité des contextes locaux.
A propos
Chaque "Café Géo" est organisé autour d'une présentation introductive sur la question du jour réalisée par un universitaire, avant de laisser place à un échange avec le public. Lors des séances portant sur une question ayant une incidence sur le territoire local, un acteur du monde socio-politico-économique local apporte en complément son point de vue ou son expérience en la matière.
Géographie en débat, géographie du débat. Fidèles à leur vocation d'origine, les Cafés Géographiques, créés au Festival International de Géographie de Saint-Dié, continuent de promouvoir de manière originale la géographie, de diffuser la parole de ceux qui font la géographie. Pour "faire de la géographie autrement", comme le rappelle fièrement leur devise.