Il n'y a pas de bonnes excuses pour croire au grand complot. Car derrière ce que certains qualifient de travers secondaire se cache un phénomène politique. Une stratégie qui tend à affaiblir le débat public rationnel sans lequel la démocratie se fourvoie et se perd. C'est l'une des thèses de Rudy Reichtad, qui s'emploie depuis plus de dix ans à réfuter les innombrables théories du complot infestant la scène publique. Des plus exotiques - la terre est plate - aux plus cyniques : le 14 juillet à Nice n'est pas un acte terroriste, entre autres.
Falsifier les faits, semer la confusion, détruire le référentiel commun... Dans une conférence inspirée de son dernier essai L'opium des imbéciles (sept. 2019), Rudy Reichstad s'attachera à déconstruire les mécaniques de ces théories, leur logique pernicieuse, ainsi que les stratégies de leurs auteurs. Et ce afin de mieux les identifier et les combattre.
"Cela ne poserait aucun problème si l’on pouvait classer le complotisme au rayon des lubies inoffensives, aux côtés de l’homéopathie et de l’astrologie. Mais la théorie du complot falsifie l’histoire. Elle parasite le fonctionnement de la démocratie. Elle dissuade les parents bien-portants de vacciner leurs enfants. Elle protège les dictateurs. Elle exonère des criminels. Elle invente des boucs émissaires. Elle dresse des potences. Elle prépare des génocides.", écrit-il.